Publié le mardi 30 août 2005 par Histoire du Fort.
dans la rubriqueDepuis que le fort ne reçoit plus de prisonniers, il est utilisé dans le cadre de la défense passive. Les hommes s’ennuient, l’entretien coûte cher.
1913 : Un fort à l’abandon
En 1913, ils ne sont plus que quatre hommes à entretenir le fort. Le havre d’abordage est quasiment tombé en ruine, le fort Boyard est obsolète. L’entretient du fort depuis la fin de la construction a coûté cinq cent mille francs. L’armée décide cette année là d’abandonner son vaisseau de pierre, qui faisait la fierté de la France un demi-siècle plus tôt. Désormais abandonné, le fort Boyard devient une proie facile pour les vandales et les pillards. Tout ce qui peut être volé ou détruit le sera : les portes, les serrures, les volets,... Les canons sont alors vendus à deux ferrailleurs qui les feront sauter sur place, à la dynamite !
En 1931, le fort Boyard est loué par l’armée au prix de trois cents francs par mois. Seul un Oléronnais se dit intéressé. Il obtient le fort Boyard pour neuf cents francs par ans. Au début de l’année 1940, après les tempêtes de l’hiver, le havre d’abordage a définitivement disparu. Durant la seconde guerre mondiale, le bâtiment de pierre servira de cible aux Allemands, lorsqu’ils s’exercent au tir. Le premier février 1950, l’inventaire français classe le fort Boyard monument historique, dans la rubrique « forts » de l’architecture militaire, avec pour seul commentaire : « jamais exploité ». A la fin de l’année, un tremblement de terre secoue le fort, sans dégâts.
En 1958, le fort résiste à un autre tremblement de terre de l’île d’Oléron, et en 1961, l’armée cède le fort aux domaines en vue de le mettre aux enchères. Dès l’annonce de cette vente, l’association des amis du fort Boyard se constitue, avec pour but d’en faire un musée de la mer. Une souscription est lancée et vingt mille francs de dons sont récoltés. Les domaines pensent que la vente ne dépassera pas quinze mille francs.
La vente aura lieu le 28 mai 1962, pour une mise à prix ridiculement basse de sept mille cinq cents francs. Seuls deux acheteurs se disputeront le fort Boyard, Eric Aerts, dentiste anonyme d’Avoriaz et le président de l’association des amis du fort Boyard. Adjugé vingt huit mille francs, soit trois mille francs de plus que le budget de l’association, le fort Boyard est vendu au dentiste. Pourquoi l’a-t-il acheté ? C’est un mystère. On sait juste qu’il laisse son fort Boyard à l’abandon.
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1966 : Fort Boyard fait son cinéma
Inutile, le fort Boyard est abandonné par l’armée en 1913. En 1962, il est acheté aux enchères par un dentiste qui le laisse à l’abandon devant le coût exorbitant d’une éventuelle rénovation.
C’est à cette période que le cinéma s’intéresse au fort Boyard. Roger vadim tout d’abord, qui le fera apparaître furtivement dans son film, « le repos du guerrier ». Au contraire quelques années plus tard en 1966, Robert Enrico en fait le décor majeur de la scène finale de son film « les aventuriers », durant lequel le fort Boyard apparaît plus de quinze minutes. Trois semaines de tournages, interrompues par une tempête qui obligera l’équipe du cinéma à déserter le fort en hélicoptère.
En 1979 déjà, Eric Aerts veut vendre son jouet acheté moins de vingt ans plus tôt. Il le met en vente dans une revue spécialisée au prix d’un million et deux cents mille francs. C’est malheureusement trop cher pour la seule association, « les fous de mer », qui s’intéresse au fort Boyard pour en faire un lieu de rencontre d’artistes et d’écologistes.
A partir de 1980, la télévision s’intéresse au fort Boyard. Philippe De Dieuleveult est alors animateur du programme à succès « la chasse aux trésors ». La tabatière de napoléon se trouve au pied du fort Boyard, il doit aller la chercher. Mais la mer est maître du jeu, et l’animateur vedette manquera de peu la noyade. Il reste coincé trois heures sur le fort, avant d’être secouru en hélicoptère. La même année la chambre de commerce de Rochefort reçoit une proposition d’aménagement d’un complexe hôtelier. Pour l’accès, l’instigateur du projet propose de reconstruire le port. Mais le projet est abandonné, personne ne voulant engager les travaux de réhabilitation.
Huit ans plus tard, le créateur de « la chasse aux trésors » cherche un nouveau décor pour un futur jeu d’aventure, ressemblant au jeu de rôle « Donjons et Dragons ». Jacques Antoine se souvient alors du fort aperçu dans le film d’Enrico, puis de Philippe De Dieuleveult manquant de se noyer en allant récupérer la tabatière. C’est le déclic.
1989 : La renaissance
Résumé des épisodes précédents : Depuis son abandon en 1913, le fort Boyard a servi de décor à quelques films. Jacques Antoine, producteur de jeux à la télévision, cherche un décor naturel pour une nouvelle émission.
Personne ne croit qu’un jeu de télévision ayant pour décor ce fort perdu puisse avoir du succès, mais peu importe. Jacques Antoine, avec sa société de production, rachète le fort Boyard très vite à Eric Aerts, pour la somme d’un million et demi de francs. Aussitôt, il cède ce monument au conseil général de la Charente Maritime pour un franc symbolique. En échange, le département s’engage à effectuer les travaux de rénovation, et assure l’exclusivité de l’exploitation du lieu à JAC, la société de production de Jacques Antoine.
Très vite, en 1989, les équipes de rénovation sont à pied d’œuvre. Une plate forme pétrolière est construite à vingt cinq mètres du fort, pour en permettre l’accès en bateau, devenu impossible depuis la destruction du havre d’abordage. Le fort est entièrement nettoyé, cinquante centimètres de guano et sept cents mètres cube de saletés diverses sont évacuées. Il est construit une cour intérieur au premier étage, et la cour centrale est divisée en deux : la salle du trésor et une autre salle qui sert à présenter les candidats.
En 1996, les plates-formes d’artilleries sont démontées et restaurées. Mais le fort Boyard est fragile, et subit encore les dégâts de la mer. Après les tournages en 1998, la Charente maritime décide d’entamer une nouvelle étape dans la restauration du monument. L’intégralité de la terrasse sera démontée, pierres par pierres, et réimplantées après avoir été nettoyées. L’hélicoptère employé pour les travaux aura fait au total près de six mille rotations entre le fort et Boyardville.
Cette restauration permet également un nettoyage complet des murs de façade, ainsi qu’une réparation d’un certain nombre de fissure. L’étanchéité de la terrasse est totalement refaite. L’emplacement de la pendule, non restauré en 1989, est réparé en 1998. Au final cette tranche de travaux aura duré de septembre 1998 à avril 1999. La dernière restauration en date est cette de la cour centrale durant l’hiver 2003-2004. Elle a été intégralement refaite durant cette période.
Point final. Il était une fois un fort de l’inutile, que Vauban, Napoléon puis enfin Louis Philippe se sont acharnés à construire. Abandonné, il est aujourd’hui le cadre d’un jeu de télévision diffusé dans le monde entier.
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