Du projet à nos jours...
Publié le samedi 26 août 2006 par Histoire du Fort.
dans la rubriqueVous n’aimez pas vous perdre dans les détails et préférez allez à l’essentiel ? Cette histoire du Fort en quatre grandes parties est faite pour vous.
Première partie : Au tout début
Dès la création de l’arsenal de Rochefort en 1666 sur ordre de Colbert, l’ingénieur de Clerville, qui supervise alors les travaux de fortification du royaume, demande la création d’un fort sur la longe de Boyard afin de contrôler l’accès à la rade de l’île d’Aix. Ce banc de sable, situé à mi-distance entre l’île d’Oléron et l’île d’Aix, avait été repéré très tôt, puisqu’il apparaît sur une carte des côtes du Poitou dès la fin du seizième siècle sous le nom de Banjaert, qui signifie « le banc de sable » en hollandais.
La demande reste sans suite. En 1692, le capitaine de vaisseau Descombes propose lui aussi de construire à cet endroit. Des sondages sont même réalisés afin de connaître la nature et la profondeur des fondsavec plus de précisions. Mais Vauban avait déjà clos le débat en usant d’une métaphore restée fameuse pour faire connaître son avis au roi : « Sire, il serait plus facile de saisir la lune avec les dents que de tenter à cet endroit pareille besogne. » Le projet est abandonné une nouvelle fois.
Deuxième partie : L’épisode Napoléon
Au printemps 1801, Napoléon, alors premier consul, reprend à son compte l’idée du Fort Boyard. L’escadre de Rochefort, confiée à l’amiral Bruix, est en pleine réorganisation, ainsi que l’arsenal. Sachant ces installations et cette flotte directement menacées par les Anglais, Bonaparte entend renforcer le système de défense de l’île d’Aix, et souhaite en interdire définitivement l’entrée par la construction de deux forts : l’un sur la rade de l’île d’Aix, l’autre sur le rocher d’Enet. En mai 1801, une commission mixte composée d’officiers du génie de la marine et d’ingénieurs des ponts et chaussées, remet un projet à Napoléon. Il s’agit de bâtir un cuirassé de pierre sur un enrochement. L’ouvrage proposé a la forme d’un anneau de pierre elliptique, long de 80 mètres et large de 40 mètres environ. Il est construit sur trois niveaux et comporte des casemates et une cour intérieure. Boyardville, à la pointe nord-est de l’île d’Oléron, est aménagée. Les magasins de matériaux, les ateliers et les
logements des ouvriers y sont regroupés. Les travaux d’enrochement du Fort débutent, en 1804, à un peu plus de 5 mètres de profondeur. Un plateau de cent mètres de long sur 50 mètres de large doit établir l’édifice. Le projet, croit-on, va enfin voir le jour...
Les difficultés rencontrées par les architectes et par les ouvriers sont innombrables. L’enrochement s’affaisse sous le poids de la construction. De violentes tempêtes, telles que celles qui ravagent le littoral entre 1807 et 1808, détruisent une partie des travaux. La présence de la flotte anglaise constitue, de plus, une menace permanente. Elle retarde le chantier et cause d’importants dommages.
Le chantier s’avère trop coûteux. L’empereur décide de réduire les dimensions du futur Fort Boyard. En 1809, les travaux reprennent sur la base du nouveau projet : un fort de 68 mètres de long sur 31 mètres de large. Ils seront vite interrompus : la destruction de l’escadre de Rochefort par les brulôts anglais met un terme à ce nouveau chantier.
Troisième partie : Louis-Phillippe intervient...
Trente ans plus tard, sous le règne de Louis-Philippe, le regain de tension qui oppose la France à l’Angleterre donne une nouvelle impulsion à la construction du fort et les travaux reprennent. Le socle de Fort Boyard est édifié entre 1837 et 1848. Il s’élève à deux mètres au dessus du niveau des plus hautes mers. La construction du fort proprement dite va encore durer plus de 10 ans. Le rez-de-chaussée est achevé à la fin de 1852. Il accueille les magasins à poudre et à vivres, les cuisines et les latrines. Les magasins et les citernes peuvent assurer 2 mois d’autonomie à 250 hommes. De petits escaliers intérieurs s’élèvent vers les futurs étages de l’édifice. Un long escalier s’ouvre bientôt sur l’océan. Le premier niveau du fort est achevé en 1854. Des chambres y sont aménagées. Un dernier étage est édifié. En 1857, la plate-forme supérieure et la tourelle de la vigie sont terminées.
L’armement du fort est renforcé. Il reçoit 74 pièces d’artillerie. Le génie maritime décide alors la construction d’un brise lame et d’un havre de débarquement à deux jetées. Mais au milieu du dix-neuvième siècle, l’artillerie rayée triple la portée des canons. Les batteries établies sur l’île d’Aix, au fort de la Rade et sur l’île d’Oléron sont bientôt capables de croiser leurs tirs. Elle suffisent à protéger la Rade et la porte Rochefortaise du département. Désormais inutile, Fort Boyard est transformé, à la fin du second empire, en prison militaire. Les soldats prussiens et autrichiens de la guerre de 1870 y sont détenus. Les prisonniers politiques de la Commune, en partance pour la Nouvelle-Calédonie, leur succéderont.
EN 1913, LE FORT EST SUR LE POINT DE TOMBER DANS L’OUBLI...
Quatrième partie : Un fort perdu ? (pas pour tout le monde...)
Il devient alors la proie des voleurs de la région qui viennent le piller lorsque la mer en permet l’abordage. Les canons sont vendus à deux ferrailleurs qui les détachent à la dynamite. En 1931, le fort est proposé à la location pour la modique somme de 45 euros (300 francs) par an : seules deux personnes s’y intéressent. Pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands se servent du Fort comme cible d’entraînement. En 1950 il est classé monument historique. En 1961, il est mis aux enchères. Mise à prix : 1150 euros (7500 francs) ! Eric Aerts (un dentiste d’Avoriaz) en devient propriétaire moyennant la somme de 4300 euros (28 000 francs). Il laisse le Fort à l’abandon jusqu’à ce qu’en 1988 il le vende à Jacques Antoine pour la somme de 230 000 euros (un million et demi de francs) (beau bénéfice !). Ce célèbre producteur français va vendre le Fort un franc symbolique au conseil général de Charente Maritime, qui prend les frais de restauration à sa charge. Une fois la rénovation terminée en 1989, le concept de l’émission est proposé. Quatre pays sont à l’époque intéressés. Aujourd’hui ils sont dix, et c’est sans compter les neuf autres qui diffusent l’émission française sous-titrée (Vénézuela, Finlande...). 2 millions d’euros (13 millions de francs) sont nécessaires chaque année pour la rénovation et le développement des nouvelles épreuves. Chaque émission vendue à l’étranger rapporte à la production entre 92 000 euros (600 000 francs) et 300 000 euros (2 millions de francs) pour des formats allant de 52 à 90 minutes.
L’émission Fort Boyard représente à elle seule 10% de l’exportation audiovisuelle française, soit 12 millions d’euros (80 millions de francs). En termes d’audience, Fort Boyard fait un carton en France avec 30 % de parts d’audience, mais aussi au Canada, en Suède, où l’émission, diffusée en prime-time réalise en moyenne plus de 50% de parts d’audience. Preuve que le Fort est vraiment un succès planétaire : en Suède, les monuments cités comme les plus représentatifs de la France sont la Tour Eiffel, Versailles et...
Fort Boyard
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