Sud Ouest, 13 octobre 1989
Publié le jeudi 23 septembre 2010 par Revue de presse avant 1990.
dans la rubriqueLe Conseil général de la Charente-Maritime et Tilt Production ont œuvré ensemble pour la réhabilitation du « Vaisseau de Pierre ». Le chantier qui n’a duré que deux mois reprendra au printemps pour les aménagements intérieurs avant le lancement de la course au trésor « les clés de Boyard »
Domaine des cormorans, des goélands, des mouettes et des hérons, déserté depuis le début des années 1970, après quelques engouements passagers des cinéastes ou d’hôteliers-restaurateurs, on sait que Fort Boyard est devenu le symbole de la Région, après son acquisition par le département de la Charente-Maritime, soucieux de préserver un patrimoine à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Le « Vaisseau de Pierre » échoué entre les îles d’Aix et d’Oléron, longtemps surnommé « le Fort de l’inutile » deviendra dès le printemps prochain, grâce à la magie du petit écran, un lieu d’aventures pour une série d’émissions hebdomadaires fondés sur le même principe que la chasse au trésor et baptisés « les clés de Fort Boyard ».
Dans le souci double d’une restauration urgente et de l’impact médiatique apporté par l’utilisation de l’image de ce bâtiment fantastique, le Conseil général avait répondu favorablement à l’initiative de réhabilitation de la société Tilt Production et voté fin janvier cinq millions de francs hors taxes au groupe de producteurs pour une participation aux travaux. Ceux-ci devraient avoisiner les 10 millions de francs hors taxes entre la mise hors d’eau et d’air, les divers aménagements pour rendre le bâtiment utilisable, l’équipement des cellules de jeux, sans oublier les moyens de rendre au Fort et la plate-forme élévatrice.
MACHINE A JEUX
Ainsi, depuis la mi-juillet, un chantier bien particulier s’était ouvert pour se terminer ces jours-ci. Le Fort, machine de guerre n’ayant jamais servi, ou prison, édifié en trente ans à la fin du XVIIIe siècle avec plus de 1 000 hommes, s’est transformé en une « machine à jeux » à l’aube du XXIe siècle en deux mois à peine grâce à une quarantaine d’hommes. Ceux-ci, travaillant pour différentes entreprises, auront vécu des heures intenses et bien particulières sur un site exceptionnel.
Si une grande majorité d’entre eux a fait la navette quotidienne entre la terme ferme et le fort, certains, pour des raisons pratiques, ont « habité » le bâtiment dans des conditions précaires, ce n’était pas le bagne certes, mais les installations étaient plutôt spartiates, heureusement plus acceptables grâce à une météo fort clémente tout au long des travaux.
Le Fort, en pleine ébullition de travaux, a eu les honneurs de la visite de M. Harel, vice-président du Conseil général (en haut à gauche)
Avant toute chose, il fallut s’atteler au nettoyage des tonnes de fientes laissées par les oiseaux, avant de s’attaquer au gros œuvre (consolidation des ouvertures, des escaliers de pierre et rénovation de la terrasse). Les menuisiers se sont chargés, avec les serruriers, des huisseries intérieures et de la fermeture des vingt-deux ouvertures extérieures par des vitrages résistants pour éviter l’inondation des casemates, car, il ne faut pas ignorer que le Fort est souvent coiffé par des déferlantes, et ce parfois jusqu’à la hauteur de la Tour de Vigie. Cependant le Fort ne sera pas dépourvu d’eau potable et pluviale mises en réserve dans des cuves, tandis qu’une entreprise s’est chargée de monter des groupes électrogènes et le circuit électrique. Enfin les peintures nécessaires ont été faites.
En raison du gros temps, cet hiver, le Fort restera silencieux, veillé par un gardien, avant l’aménagement au printemps des cellules de jeux qui recevront le câblage vidéo et tout le décor intérieur.
Le Fort Boyard aura sûrement perdu son âme de vaisseau fantôme grâce à la technique et à la prouesse d’hommes très motivés par la réussite de ce pari moderne mais les oiseaux nicheurs ou de passage s’accommoderont peut-être de la présence humaine.