Interview publiée le 2 mai 2019
Publié le mercredi 29 mai 2019 par Vidéos et podcasts 2019.
dans la rubriqueÀ moins d’être un membre de l’équipe de production, un candidat ou encore un fan de la première heure, le nom d’Éric Buron ne vous dira sans doute rien. Et pourtant ! C’est une des figures les plus importantes de l’équipe du jeu télévisé aujourd’hui. Tour à tour candidat en 1990, régisseur extérieur, régisseur général avant de devenir directeur de production ces dernières années, Éric Buron est l’œil du Fort, mais aussi sa mémoire puisqu’il y travaille depuis 1991. La journaliste Valérie Lambert, à qui l’on doit souvent de petits reportages sur le Fort, est partie à sa rencontre à l’occasion des 30 ans du jeu dans la cadre de l’émission de la radio RCF Du sport à l’aventure !. D’ordinaire très discret, celui-ci a accepté, une fois n’est pas coutume, de parler de son parcours.
Pour Éric Buron, l’aventure commence avec le sport. Le sport pour lui mène à tout. Quoiqu’il arrive dans la vie, il faut faire du sport. C’est grâce au sport qu’il a pu participer à l’émission en 1990. D’abord en tant que joker, candidat remplaçant. Mais par le fait du hasard, il a finalement pu y participer.
À l’époque le responsable de casting cherchait des sportifs de haut niveau : pompiers ou champions de France. Le Fort était alors ouvert aux anonymes. Mais ils cherchaient de vrais sportifs et aventuriers, des hommes et des femmes vaillants. Il était élève officier dans l’armée de l’air, dans les commandos plus particulièrement, il faisait énormément de sport (pentathlon, parachutisme, plongée sous-marine...). Il a donc capté l’attention de la production, et en plus il était originaire de la région, puisqu’il était alors de Tonnay-Charente en Charente-Maritime.
Les toutes premières fois, c’était assez étrange, car le producteur de l’époque souhaitait créer un effet de surprise avec les candidats. Les candidats découvraient le Fort une fois qu’ils étaient au pied ou à l’intérieur du Fort. Les candidats rentraient à l’époque par l’escalier extérieur. En tant que candidat remplaçant, Éric Buron était emmené chaque jour les yeux bandés par le régisseur de l’émission, de la plateforme jusqu’à la loge de Patrice Laffont. Il passait donc des jours entiers avec Patrice et de là est née une belle complicité avec lui qui dure depuis 30 ans. Il a toujours souhaité approcher ce site emblématique. Il a découvert le Fort grâce au film Les Aventuriers et il a approché le site depuis l’île d’Aix, puis par la nage, car il préparait son BNNSA en tant que nageur de fonds. Cela lui a ouvert les portes du Fort, car sur la deuxième saison ils cherchaient des sauveteurs en mer. Son heure est finalement arrivée lors de l’enregistrement de la dernière émission de la saison 1990 où il a pu découvrir enfin le Fort et l’équipe qu’il allait accompagner. Il recroise aujourd’hui les gens avec lesquels il a participé, des gens de La Rochelle, notamment des sapeurs-pompiers et une championne du monde de bodybuilding. C’est grâce à un désistement qu’il a pu participer, en remplaçant quelqu’un au pied levé. Il était le plus jeune de l’époque, il avait 20 ans et était dans une équipe beaucoup plus âgée.
L’année suivante en 1991, Éric Buron décide de quitter l’armée, il était alors sous-lieutenant. Il voulait, au désespoir de sa famille, faire autre chose, notamment aller dans une école de cinéma. Il a alors aussi déposé sa candidature à Tilt Productions (devenue Adventure Line Productions aujourd’hui) pour être stagiaire. Il est ensuite monté sur Paris, accueilli par le directeur de production du Fort à l’époque. Cela a été pour lui une période difficile, il a fait des enquêtes téléphoniques et dans les supermarchés pour pouvoir payer ses factures et se nourrir. Il est finalement revenu en Charente-Maritime, pour être stagiaire régisseur, puis tout de suite régisseur d’extérieur et en 1992 régisseur maritime avec pour objectif de mettre en place toute la sécurité maritime et pour challenge de réorganiser le Fort. Il a fallu organiser l’accès par voie maritime, puis nettoyer le Fort, réorganiser les cellules de jeu. Puis il est passé de régisseur maritime à régisseur général avant d’arriver à la direction de production. Entre-temps il est parti avec Jacques Antoine sur d’autres jeux d’aventure comme La Piste de Xapatan en 1992 pour Antenne 2, Le Trésor de Pago Pago en 1993 pour TF1… Il est toujours resté dans le milieu du jeu télévisé. Il organisait aussi des événements pour Renault, des défilés de mode, des concerts, des lancements de produit. Il partageait son temps entre l’événementiel et les jeux télévisés. Il s’est ensuite attaché au Fort plus particulièrement depuis ces quinze dernières années. Il s’est dit attaché aux personnages, citant Passe-Partout Dédé [André Bouchet NDLR], Félindra Monique [Angeron NDLR], et aux techniciens, dont une poignée est là depuis le début.
Pour Éric Buron, le secret de la longévité du lieu, c’est le fait de ne pas démystifier le Fort en ne dévoilant pas tout ce qu’il s’y passe. Le secret c’est une alchimie : le site, le concept de Jacques Antoine, Pierre Launais et Jean-Pierre Mitrecey, c’est une équipe de 1000 techniciens qui ont participé depuis la création du jeu, des candidats, des versions étrangères et l’histoire du pays avec un Fort voulu par un roi, édifié par un empereur et glorifié aujourd’hui par une République. Le Fort est un franc succès, il est apprécié de tous, des fans, des téléspectateurs, c’est aussi une histoire de cœur avec tous les partenaires que ce soit le diffuseur France 2 ou le Conseil départemental de Charente-Maritime. Ce dernier entretient le Fort notamment pour le gros œuvre et les infrastructures, tandis qu’Adventure Line Productions gère la partie artistique avec les décors et la remise en état. Les téléspectateurs, pour Éric Buron, ne voient que ce qui se passe dans l’écran, une toute partie de l’iceberg, car derrière c’est grandiose que ce soit les techniciens qui œuvrent pour que l’émission se passe. Il y a 150 techniciens pendant les tournages, tout le monde est bienveillant. Il y a ce besoin de partager ce lieu de travail. Ils ont déjà du mal à le partager avec leurs familles, dont dès que quelqu’un vient visiter le « caillou » c’est une façon d’échanger. Et ceux qui participent à l’aventure, que ce soit la presse, les services de l’État ou les candidats, ils vivent une aventure hors du commun, car ils peuvent vivre le Fort de l’intérieur, mais ils sont aussi accompagnés. Tout le monde se rappelle du moment où il met le pied sur le Fort.
Nous vous proposons d’écouter ou de réécouter cette excellente interview :
Podcast : © 2019 - RCF Radio