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Patrice Laffont

Maître du Fort de 1990 à 1999

Publié le vendredi 17 août 2007 par Guillaume COMONT - Rédacteur en chef dans la rubrique Grandes figures du jeu.

        

Figure incontournable de Fort Boyard, Patrice Laffont est l’animateur qui a le plus marqué l’émission avec sa comparse Cendrine Dominguez avec qui il a formé un duo détonnant pendant sept ans, de 1993 à 1999. Présentateur de l’émission dès la première émission, il décide d’arrêter l’aventure en 1999. Découvrez le portrait de l’animateur historique du jeu.

Parmi les huit animateurs du jeu, Patrice Laffont est sans doute celui qui aura le plus marqué les esprits. Possédant un humour grinçant et pince-sans-rire, il n’a épargné aucune équipe et aucun candidat. Fort par sa présence, son charisme, son humour et sa répartie, il forme de 1993 à 1999 un duo avec Cendrine Dominguez pendant sept ans, duo légendaire dont la grande complicité marquera à tout jamais le public fidèle de l’émission. Aujourd’hui, Patrice est plus effacé sur les chaînes hertziennes où il a pourtant opéré depuis des décennies. Face à la jeune génération, Patrice doit céder sa place à de nouveaux visages, sans pour autant s’éclipser définitivement du Paysage Audiovisuel Français. Retour sur la carrière d’un des plus grands animateurs français.

Les fondements d’une carrière

Patrice Laffont est né le 21 août 1940 à Marseille dans les Bouches-du-Rhône. Ce marseillais fait bien sûr partie d’une grande famille qui a perçé dans le milieu de l’édition, tout le monde connaissant aujourd’hui les célèbres Éditions Robert Laffont, créées à l’initiative du père de Patrice. Une fois le Baccalauréat en poche, Patrice, qui apprécie particulièrement le théâtre, ne va pas tarder à rejoindre une bande d’amis comédiens de la troupe « Les Tréteaux ». Il va suivre ses camarades dans des tournées délirantes, significatives des années 1970. Mais une rencontre va avoir lieu et elle va véritablement bouleverser sa vie. En effet, Armand Jammot, un célèbre présentateur qui a marqué l’histoire de la télévision, lui propose d’investir sans plus tarder le monde de la télévision, bien que Patrice opère déjà quelques rôles dans un autre milieu, celui du septième art.

La télévision lui ouvre ses portes

C’est ainsi qu’il va se retrouver propulsé dans le monde audiovisuel. Il va réaliser de véritables prouesses puisqu’il restera, toujours avec l’appui d’Armand Jammot, dix-sept ans (de 1972 à 1989) à la tête de l’un des jeux les plus anciens en France Des chiffres et des lettres, une performance historique à la télévision. Aujourd’hui, Patrice est devenu le producteur de ce jeu, ce qui lui laisse un droit de regard sur les sélections notamment. On a pu le revoir au poste d’animateur quand Laurent Romejko a été absent ou encore pour des émissions spéciales ou Laurent s’était lui-même reconverti en candidat. L’émission est désormais diffusée sur « France 3 » et sa réussite ne s’estompe pas au fil des années.

Parallèlement, il présente un nombre impressionnant d’émissions, et ce, avant d’investir Fort Boyard. On pensera notamment à Un sur cinq dans les années 1970, à Mi-figue, mi-raison en 1978-1979, Aujourd’hui Madame ou encore Dessinez c’est gagné.

Les années 1990 ou les années de la consécration

En 1990, Patrice Laffont en est véritablement à un tournant de sa carrière. Pour lancer le nouveau jeu de « Antenne 2 », Fort Boyard, Patrice Laffont est appelé aux côtés d’une illustre inconnue : Marie Talon. Le but ? Trouver 18 clés dans les cellules du Fort pour ouvrir la grille d’une Salle au Trésor et par la même des coffres remplis de pièces d’or.

La première saison du jeu est plus que mitigée niveau audiences si bien que Jacques Antoine demande le renvoi pur et simple de Marie Talon, que l’on ne trouve pas assez connue pour mener à bien une telle aventure. Patrice Laffont, lui, reste, mais trouvera cette fois de la compagnie en la personne de Sophie Davant avec laquelle il formera un duo d’animation à succès jusqu’en 1991.

Précisons d’ailleurs que dès 1991 les règles évoluent, ce sont encore ces règles qui régissent la version actuelle de Fort Boyard, malgré quelques nouveaux systèmes. Le but ultime est toujours le même : réaliser des épreuves, mais cette fois pour trouver un maximum de sept clés (18 clés étant un objectif jugé infaisable par la production du jeu) afin d’ouvrir la grille de la Salle du Trésor gardée par des tigres. Mais une fois les épreuves réalisées, l’équipe doit également se lancer dans des aventures en extérieur afin de trouver des indices renfermés dans des cartouches pour trouver un mot code en recoupant les mots révélés. Si le mot code est trouvé, l’équipe le compose dans la Salle du Trésor sur un alphabet géant prenant la forme d’un damier de pierre sur le sol. À l’inverse, si l’équipe ne trouve pas le code sésame, elle doit alors sacrifier des candidats (il y a six candidats par équipe), ce qui fera autant de bras en moins pour la récupération des Boyards, les célèbres pièces d’or de la forteresse. Notons également que sept clés sont nécessaires pour que la grille de la Salle du Trésor s’ouvre, sans ces sept clés, l’équipe devra se séparer de membres de son équipe, un candidat par clé manquante disparaîtra dans les tréfonds du Fort jusqu’à la fin du jeu et ne pourra donc plus participer à l’aventure et aider son équipe. Une fois le mot code trouvé et composé sur le damier géant, Félindra, la dompteuse de tigres tourne la tête de tigre (c’est Passe-Partout qui tourne la tête de tigre au début, mais seulement en 1991) et si le mot code est correct les Boyards tombent dans une fontaine. Les candidats ont donc un temps limite pour passer leurs mains à travers les barreaux de la fontaine et ramener le plus de Boyards possible.

Les règles que nous vous édictons ont évolué depuis 1991, mais restent toujours la trame de fond du jeu (il faut toujours récupérer des clés pour ouvrir la grille de la Salle du Trésor et réaliser des aventures pour gagner des indices et trouver le mot code du jour).

Si Patrice Laffont est resté dix ans, il a tout de même connu quatre animatrices durant sa décennie. Ainsi, après le départ de Sophie Davant, il est rejoint par Valérie Pascale, mais celle-ci ne fera qu’une courte apparition sur le Fort puisqu’elle est remerciée et remplacée dès la saison 1993.

Et en 1993, c’est l’inégalable et l’irremplaçable Cendrine Dominguez qui lui succède. Elle restera sept ans en tandem avec Patrice dans l’émission. De ce duo, considéré comme le meilleur dans l’histoire du jeu, se dégage beaucoup de complicité, d’affection, de bonne humeur et d’humour.

Mais en 1999, Patrice Laffont décide d’arrêter d’animer Fort Boyard, il n’évoque pas de lassitude, mais plutôt la fatigue engendrée par l’accès difficile au Fort et les sessions de tournages. Lors de sa dernière émission, il reçoit un de ses amis d’enfance, Yves Rénier (Commissaire Moulin) et referme un grand chapitre de l’histoire de l’émission. Une petite fête est même improvisée sur la terrasse du Fort à l’occasion de son départ et est diffusée en fin d’émission. Parmi les invités présents, Yves Bigot et Jacques Antoine, le créateur du concept, sont de la partie. Si Patrice arrête, il ne manque pas de préciser que ce n’est pas pour autant que l’émission s’achève, une prochaine saison est déjà prévue. Cendrine, attristé par ce départ, lancera une ultime phrase, révélatrice de la complicité entretenue entre Patrice et toute l’équipe du jeu : « On va dire qu’on n’y croit pas jusqu’à l’année prochaine ! ».

Outre son aventure Fort Boyard, durant les années 1990, on a pu retrouver Patrice dans de nombreuses émissions, dont le très célèbre jeu Pyramide. Patrice présentera pendant dix ans de suite ce jeu (1991-2001) qui sera supprimé le 29 décembre 2001, mais très vite remis à l’antenne en 2002. Entre la fin décembre 2001 et la mi-janvier, Patrice conserve toujours la case horaire et présente le Juste euro, sorte de remplaçant du Juste prix diffusé sur « TF1 » initialement et supprimé quelques mois auparavant. Cette version du jeu est un échec (et par la même également l’échec le plus cuisant de Patrice sa carrière télévisuelle) et Pyramide retrouve sa place habituelle à l’antenne après un peu plus de quinze jours de non-diffusion. Mais c’est Marie-Ange Nardi qui en devient l’animatrice et Patrice se retrouve donc bredouille. Cependant, quelques mois plus tard (le 8 juillet 2002), nouveaux rebondissements, Patrice retrouve sa place, Marie-Ange Nardi et sa nouvelle équipe n’ayant pas convaincu le public. Il restera donc en place jusqu’au samedi 5 juillet 2003, date à laquelle le jeu est arrêté, définitivement cette fois, malgré les milliers de lettres de protestation des fans de l’émission. Le jeu sera remplacé par La Cible, qui signera le retour d’Olivier Minne à l’antenne.

Candidat à Fort Boyard

Coup de théâtre : le 24 juin 2000, Patrice revient sur le Fort, mais cette fois en tant que candidat. Aux côtés de Sophie Davant, également de retour en tant que candidate, Patrice retrouve sa complice de sept ans Cendrine, ainsi que le nouveau Maître du Fort, Jean-Pierre Castaldi.

Malgré son statut d’ancien animateur du jeu, la production ne l’épargnera pas, avec Sophie, il reforme son duo de 1991 sur le Fort, mais cette fois dans l’épreuve des « Baguettes », qu’ils ne parviennent pas à mener à bien. Ensuite, les retrouvailles avec le Père-Fouras sont chaleureuses, tellement chaleureuses que Patrice se sent comme chez lui et trouve l’énigme. Dans la Salle du Conseil, il perd son duel, celui des « Fers à souder » et rate de peu l’aventure de la « Tête chercheuse », il ne peut pas lire les chiffres dans l’un des compartiments, car sa vue est trop faible sans ses lunettes. Son équipe et lui trouvent le mot code sans sacrifice et ce sont 37 820 francs (5 765 €) qui vont à l’association « Prietenie ».

Le 31 juillet 2004, il revient à nouveau sur le Fort en compagnie de Sophie Davant, Cendrine Dominguez, Sarah Lelouch et Olivier Minne dans une émission spéciale pour fêter les quinze ans du jeu ainsi que la 1000e émission tournée.

Les années 2000 ou le ralentissement progressif d’une carrière à succès

Parmi les autres émissions que patrice a animé d’une main de maître, on retrouve le Téléthon aux côtés de Sophie Davant et d’Olivier Minne en 1997, Champion du monde en prime time en mars 1998, le jeu Le Grand défi diffusé en 1999 à 20 h 50, mais aussi Les Z’amours durant l’été 2000 en remplacement de Jean-Luc Reichmann parti sur TF1 et en attendant l’arrivée du présentateur officiel Tex.

En 2003-2004 il présente le Code de la route, le grand examen avec Gaël Leforestier (2003) puis Sandrine Quétier (2004).

En 2005, il retourne aux sources et anime la nouvelle version en prime time d’Intervilles avec Nagui, Nathalie Simon, Philippe Corti et Robert Wurtz. Si les audiences sont plus que satisfaisantes, l’émission est dès 2006 reprise par « France 3 », qui décide de ne pas reconduire Patrice Laffont du fait de son âge avancé, c’est donc Tex et Julien Lepers qui deviennent les nouveaux animateurs. Seuls Nathalie et Robert restent, Nagui ayant décidé de ne pas rempiler.

Enfin, l’une des ses dernières grandes participations sur une chaîne hertzienne a lieu en octobre 2005, il présente alors un prime time sur France 2, la Télé de A à Z avec Élisabeth Bost, une émission proposant de réviser sa culture télévisuelle, l’audience est moyenne.

L’année 2006 est sans nul doute la plus discrète dans toute la carrière de Patrice. Il ne se voit confier aucune émission sur « France 2 » ou « France 3 », que ce soit en prime time ou dans un autre créneau. Sa carrière semble au point mort. Fin 2006, on lui propose de présenter l’espace d’une soirée un numéro spécial Des chiffres et des lettres. Puis fin décembre 2006, on apprend l’arrivée imminente de Patrice sur « Direct 8 », une nouvelle chaîne installée sur la « TNT ».

Depuis début 2007, Patrice Laffont présente donc sur cette chaîne et pour 25 numéros une émission de Poker, Direct poker, une de ses passions depuis toujours avec la pétanque.

Finalement, Patrice Laffont a su montrer qu’une carrière sur le long terme à la télévision était possible, à condition d’assumer ses choix et d’être pertinent. Patrice Laffont peut se venter d’avoir été l’un des rares animateurs à ne connaître que des succès, mis à part le triste épisode du Juste euro.

À 67 ans, Patrice est un animateur en fin de carrière, mais loin de vouloir quitter l’écran brutalement, c’est sans doute une transition en douceur qu’il a choisie, pour notre plus grand plaisir...


Au-delà du petit écran

Patrice Laffont est un homme de cinéma et de théâtre, comme nous vous le disions précédemment.

Au théâtre, on a pu le voir dans la célèbre pièce le Panier de crabes puis dans Jamais 2 sans toi. Enfin, bien sûr, en 2005 dans la pièce de théâtre télévisée de Francis Perrin Un fil à la patte, première pièce de théâtre qui regroupe tous les animateurs de « France 2 » et où il tenait le rôle du Général Irrigua. Puis, à nouveau en 2006, dans l’opérette Trois jeunes filles nues, remise à neuf par Olivier Minne, et toujours avec des animateurs et journalistes de « France Télévisions ».

Sa filmographie n’est pas non plus en reste. Il tourne Les Vierges de Jean-Pierre Mocky en 1963 où il interprète le rôle de Rémy. En 1964, il est Jean-Luc dans le film Le gendarme de Saint-Tropez. Ceux qui le suivent l’auront sans doute remarqué dans La tête de client de Jacques Poitrenaud en 1965, Ces messieurs de la gâchette de Raoul André en 1969, L’Associé de René Gainville en 1979, Pour cent briques t’as plus rien... d’Edouard Molinaro en 1982 où il campe un journaliste télé, Mocky story de Jean-Pierre Mocky en 1991 où il tient son propre rôle, La Belle histoire de Claude Lelouch en 1992 où il joue également son propre rôle, La Cité de la peur de Alain Berbérian en 1994 et enfin Beaumarchais, l’insolent d’Édouard Mouinaro en 1996 où il tient le rôle d’un officier. Ce film est sa dernière apparition au cinéma jusqu’à aujourd’hui.


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Photos : © France 2 / J. Pimentel / Direct 8 / DR

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