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Interview de ROMAIN (2010 - équipe n°5)

« Sur l’île il n’y avait pas de héros, car on était tous persuadés de pouvoir se battre les uns les autres. »

Publié le mardi 7 septembre 2010 par Kévin TOLBIAC dans la rubrique Interviews 2010.

        

Il voulait débarquer au Fort, il l’a fait. Il voulait affronter le Père Fouras, il l’a fait. Cependant, lui et son équipe n’ont malheureusement pas pu continuer l’aventure au-delà de la première manche. Telle une mygale dans son élément, même si ces arachnides le repoussent, Romain, 26 ans, préparateur physique et coach sportif, a tout donné pour aller au plus près de la victoire. Malgré cette défaite, ce candidat de l’équipe des Titanes (équipe n°5), sportif en herbe, a réalisé un rêve, un rêve d’enfant. Rencontre.

Fort Bavard : Pour débuter, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Romain : Je m’appelle Romain, j’ai 26 ans et je viens de Tarare, une petite ville de 10 000 habitants à 40 km au Nord de Lyon. Je suis Préparateur physique / Coach sportif depuis maintenant quatre années. Passionné de sport, je pratique assidument celui-ci 10 à 15 heures par semaine. J’ai fait du tennis, de l’aïkido, dix-sept ans de basketball, et je fais actuellement du triathlon. J’aime beaucoup la musique ; j’ai d’ailleurs chanté dans une chorale durant six ans et je joue du piano depuis maintenant deux ans.

Fort Bavard : Étiez-vous un fidèle de longue date de l’émission et quels souvenirs gardez-vous de celle-ci ?

Romain : Je regardais Fort Boyard durant mon enfance et ma prime adolescence. J’ai beaucoup de souvenirs avec cette émission. Le Père Fouras, les épreuves mythiques, comme les Araignées et Scorpions, les Serpents, la Tyrolienne, le Saut à la mer, etc. C’est pour moi un jeu passionnant, qui mêle aptitudes physiques et capacités de réflexion, ce qui est (trop) rare à la télévision. Par ailleurs, j’aimais beaucoup Cendrine Dominguez en tant qu’animatrice ; je la trouvais juste, dynamique, autoritaire, mais pas trop, à la fois proche et stricte avec les candidats. Mes personnages favoris sont en premier lieu le Père Fouras, pour des raisons personnelles (j’adore les énigmes !), et ensuite Passe-Partout, qui à eux deux incarnent pour moi l’image de l’émission. Sinon, j’aurais adoré me mesurer à Excalibur (ce n’est pas passé loin !), au Manolier, ou aux serpents, mygales et scorpions, même si ces derniers me repoussent !

Fort Bavard : Pourquoi avoir posté votre candidature, à l’occasion de la réouverture des portes du Fort au grand public ?

Romain : J’ai vu la bande-annonce sur France 2. J’ai eu de la chance apparemment, car elle n’est pas passée longtemps. Dès que j’ai vu qu’il y avait une possibilité pour participer à Fort Boyard, je me suis dit que je me DEVAIS d’essayer pour ne pas regretter ! Et j’ai bien fait ! J’ai postulé pour réaliser un rêve d’enfant, qui du coup n’est plus un rêve, mais une ambition assouvie !

Fort Bavard : Comment s’est passée la sélection, d’abord téléphonique puis filmée ?

Romain : Après l’envoi de mon dossier, j’ai reçu un coup de fil, de la part d’Adventure Line Productions. Un peu surpris au début, j’ai vite repris mes esprits, l’aisance orale et l’élocution étant importantes, je pense, quand on postule pour un jeu télévisé. La personne que j’avais au téléphone, charmante, m’a demandé des renseignements pour croiser mes réponses avec mon dossier. Pour voir si elles étaient cohérentes. Après ça, et avant de raccrocher, elle m’a dit « Allez Romain, tu as 30 secondes pour me surprendre, comme tu veux... ». En deux secondes, j’ai fait le tour de ce que je pouvais faire ; au téléphone, le choix était limité… Repensant à mes années de chorale, je me suis dit « je vais chanter ». J’ai alors entamé Coup de Soleil de Richard Cocciante. Apparemment elle a aimé ! Elle m’a demandé : « Pourquoi cette chanson ? ». Alors au culot, je lui ai répondu « Mais pour vous draguer pardi. Votre voix est très belle... » ! Elle a rigolé et m’a dit « OK pour la suite, tu recevras les informations par mail. » .

Phase suivante, le casting à Paris. Tout d’abord, après les renseignements et formalités : questionnaire de culture générale, avec équations, énigmes logiques, mots codes, énigmes du Père Fouras... J’adore tout ça donc ça s’est très bien passé. Des petits tests physiques par la suite, faciles, puis vient le moment du casting filmé. Le plus difficile...

Se présenter durant cinq minutes face à une grosse caméra toute proche, dans l’obscurité, avec trois personnes qui ne disent rien, prennent des notes. Il fallait faire le moins de silence possible. J’ai joué la carte de la décontraction, pris le temps de parler, de me présenter. J’ai « brodé » un peu par la suite.
Puis viennent les questions. Les premières sont plutôt attendues, comme « Pourquoi voulez vous faire Fort Boyard ? », « Quels souvenirs avez-vous de l’émission ? », « Quel rôle pensez-vous pouvoir jouer dans une équipe ? », etc. Cette partie est plutôt aisée et agréable. Mais ensuite, le jury tente de vous déstabiliser : « Je vous sens mauvais perdant Romain, ça peut être gênant à l’écran... », « Comment réagiriez vous si quelqu’un vous faisait perdre une clé ? » et autres. Rester sincère, montrer que l’on a conscience qu’à la caméra il faut faire attention. Garder aussi un trait d’humour. Voilà ce que je pense qu’il convient de faire.

À l’issue de ce casting cependant, j’étais plutôt pessimiste sur mes chances d’aller plus loin. Je pensais m’en être sorti honorablement, mais honorablement ne suffirait pas pensais-je...

Fort Bavard : Quelle fut votre réaction lorsque vous avez su que vous faisiez partie des 52 candidats sélectionnés ?

Romain : Remplie de surprise, de joie, d’incrédulité... Je ne le croyais pas. J’avais du mal à me projeter, à me voir dans le Fort, avec tous ces personnages à côté de moi... Je me suis empressé d’appeler quelques proches pour leur faire partager la bonne nouvelle. Certains ne me croyaient pas. D’autres avaient autant de mal que moi à réaliser. Puis on a compris la chance que cela représentait ; j’étais alors déjà à fond dedans.

Fort Bavard : Avez-vous élaboré un entraînement spécial en vue des tournages ?

Romain : Non pas d’entraînement spécial, ou presque… Niveau sportif, avec 15 heures par semaine entre course, natation et vélo, plus quelques heures de musculation, je ne pouvais pas faire bien plus. La seule chose que j’ai faite, c’est de m’entraîner à répondre aux énigmes du Père Fouras sur un document Excel rempli d’énigmes déjà posées lors des émissions. Cela ne servait à rien de les connaître, car il était évident qu’elles ne retomberaient pas, mais je pense que cela aide à s’habituer à la façon de réfléchir des concepteurs des questions.

Fort Bavard : Lors de votre arrivée sur la petite île d’Aix, marquant le début de l’aventure, la complicité entre candidats s’est-elle faite avec facilité ?

Romain : Oui, vraiment tout naturellement. On crée des affinités avec certains très vite. On discute de notre vie, de ce que l’on fait, etc. Très vite on se rapproche de certains.

Fort Bavard : Vous apprenez alors que vous ferez équipe avec Armelle, Selin et Laurent ; quelle fut votre première réaction ?

Romain : Ma première réaction était de me dire que je n’avais pas de chance, car je n’en connaissais aucun. Selin et Laurent s’étaient parlé, Armelle et Laurent aussi. Mais moi, je n’avais parlé à personne. J’avais essentiellement parlé avec Adrien, Augustin, Charlotte et Alex. Mais très vite, je me dis qu’on a une bonne petite équipe, assez complète et équilibrée.

Fort Bavard : Votre équipe passera lors de la troisième session ; un plus pour élaborer une stratégie entre coéquipiers ?

Romain : Un plus… oui si on veut. On a tourné le mardi. On n’avait qu’un tournage de recul et arracher des informations aux candidats du lundi était plutôt compliqué... Idéalement avec le recul, le top était de passer dans la cinquième émission. C’était le mieux. Plus d’informations, plus de temps sur l’île, pas loin de la fin.

Lors de notre temps libre sur Aix, on a fait du sport, essayé de se découvrir pour insuffler un esprit d’équipe, que je savais primordial pour gagner dans une compétition. On a essayé de se répartir les rôles, les épreuves et le reste.
On a légèrement profité de l’île avec la plage, le centre, les balades en vélo... Mais pas assez longtemps ! Ici, il n’y avait pas de héros, car on était tous persuadés de pouvoir se battre les uns les autres. Même les Champions.

Fort Bavard : Un sentiment particulier que de fouler le sol du Fort ?

Romain : Oh que oui, tellement particulier... On est déstabilisés. On est un peu ailleurs durant quelques secondes, entre terre, ciel et mer… comme en apesanteur. C’est vraiment une sensation étrange. C’est ce que j’ai ressenti.

Fort Bavard : Petite parenthèse dans cette aventure : comment s’est déroulé le tournage ?

Romain : Notre tournage a duré un peu plus de 4 heures. Il y avait une émission et demie tournée par jour, donc trois phases. Nous n’avons pas eu de pause. Tout était enchaîné. C’est différent pour les équipes qui sont restées une journée entière sur le Fort.

L’équipe de production tournait tous les jours, sauf le jeudi qui était off.
Nous avons pu discuter avec quelques membres. Notamment Didier Luca, le réalisateur et concepteur d’épreuves. C’est lui qui faisait tous les briefings sur l’île d’Aix. Sur le Fort, nous avons pas mal discuté avec Olivier Minne, Passe-Partout et Passe-Muraille. Une excellente ambiance !

L’atmosphère générale reste tout de même tendue. L’équipe a une émission a tourné, nous avons des épreuves à gagner, et la production met volontiers la pression aux candidats pour qu’ils réussissent les épreuves, car rater tous les jeux fait rarement une bonne émission...

Fort Bavard : Au niveau de vos performances lors des épreuves : le premier duel avec Selin se solde par un échec à cause, peut être, d’une mauvaise manière de procéder ; l’énigme du Père Fouras vous a souri puisque vous avez trouvé la réponse du premier coup, avant Céline ; le stress vous envahit lorsque vous devez ouvrir le cadenas du Précipice extérieur fait par Selin ; et votre prestation lors de la Toile d’araignée a été remarquable, vous permettant à vous d’éviter la prison, et à votre équipe de revenir dans la course. Quels sentiments et réactions avez-vous tirés de chaque épreuve ?

Romain : Pour le Radeau, c’est une mauvaise stratégie, oui. Je suis premier sur le radeau. Je hisse les sacs assez vite. Mais on perd un temps fou à essayer de faire monter Selin sur les sacs alors que ça ne servait à rien... Il manquait trop de centimètres. On a hésité à y aller, Laurent et moi ; on aurait dû. Juste pour une question de taille... je pense qu’on aurait eu la clé.

Chez le Père Fouras, quel bonheur ! Je suis dans la vigie ! Alors pas question de rater l’énigme. Je me concentre à fond, et la réponse vient ! Un excellent et inoubliable moment, aussi éphémère fut-il...

Concernent le Précipice extérieur, une petite rectification : mon rôle dans cette épreuve, prédéfini à l’avance avec l’équipe, n’était pas d’ouvrir le cadenas. Mais de prendre la clé une fois celui-ci ouvert. C’est important, car on savait qu’il ne fallait pas s’y mettre à quatre mains sur ce cadenas... Mon erreur a été soit de ne pas dire tout de suite à Armelle de me laisser essayer, soit de la laisser essayer jusqu’au bout.

Enfin, la Toile d’araignée est aussi un grand moment ! J’étais surexcité avant de sauter. J’ai mémorisé les couleurs des boîtes pour ne pas perdre 10 secondes à demander à chaque fois à mes coéquipières où aller. Après, c’est du mental et du physique, et je me devais de ramener cette clé pour nous excuser auprès de Selin de lui avoir empêché de profiter de la sienne, lors du Précipice extérieur.

Fort Bavard : La libération de Laurent dans les temps permet à votre équipe d’effectuer le Relais arbalète avec les Cuivres, dans le but d’affronter enfin les Champions. Mais l’égalité entre vos deux équipes en a décidé autrement. Un duel éprouvant, tant au niveau musculaire que psychologique...

Romain : immense regret... Perdre de cette façon. Après, en plus, avoir été en tête sur le Radeau, et avoir mené lors du Précipice extérieur... Perdre comme ça a été très difficile à accepter pour nous tous.

Le Relais arbalète est super. Un moment terriblement excitant à vivre. L’équipe a fait un relais formidable. Selin a été divine avec les triangles. Laurent a été super en porteur. Armelle avait elle la tâche sans doute la plus délicate, avec cette arbalète capricieuse et difficile à manœuvrer. Petit secret : on ne le voit pas à l’écran, mais il y a eu une épreuve de mort subite, avec cinq tirs simultanés pour nous départager, les Cuivres et nous. Aucune équipe n’a réussi à planter une flèche... la suite, vous la connaissez...

Fort Bavard : Comment avez-vous accueilli les règles de la version 2010, et quel est votre sentiment sur celles-ci ? Il y a-t-il eu quelques malentendus, comme, notamment, le fait de demander à Laurent de sortir d’une épreuve à prisonnier sans la clé ?

Romain : Les règles me semblaient sympas. Ludiques et susceptibles de générer du suspens. Au final les audiences sont faibles. Peut-être que l’on ne retrouve pas assez l’intensité des épreuves avec les commentaires d’Olivier et des candidats.

C’est vrai que même au moment du tournage, on ne maitrisait pas toutes les règles parfaitement... Il y avait beaucoup de choses à assimiler, ceci explique le « raté » du Métier à tisser ! Comprenez, on a dû ingurgiter toutes les règles en peu de temps et sans support, contrairement à vous tous ! Il fallait qu’on comprenne les règles avec des documents papier (je vous laisse imaginer...) et des explications orales. Aucune mise en situation...

Pour le Relais arbalète, il est vrai qu’il mériterait une meilleure fin en cas d’égalité. Le disputer pour s’entendre dire au final que l’on a perdu parce qu’on a été derrière toute l’émission, c’est dommage. Il faudrait une fin claire et nette, qui donne un gagnant à chaque fois.

Fort Bavard : Avec du recul, comment jugez-vous la performance de votre équipe dans cette manche ?

Romain : On s’est bien débrouillés, mais nous avons manqué de stratégie, de réflexion. On était trop dans « le moment » et on a perdu comme ça. On n’aurait pas dû envoyer Laurent dans le Métier à tisser, il aurait dû venir avec moi sur le Radeau. On aurait dû prendre plus en considération les cadenas, ne pas croire qu’une fois le code obtenu c’était fini... Au final, je dirais qu’on a manqué de stratégie et d’un peu de chance... même si, quand on perd, il y a une raison.

Un de mes regrets est de ne pas avoir pu pénétrer dans la Salle du Trésor, ramener des boyards, et éliminer les Champions ! La compétition avec les Cuivres était superbe. Un état d’esprit magnifique, un fair-play. J’ai d’ailleurs gardé contact avec Franck et Marlène !

Fort Bavard : Petite curiosité : pour repérer l’appartenance des candidats à une équipe, ceux-ci avaient un outil vestimentaire de leur couleur ainsi qu’un « tatouage » : que représentait le votre ?

Romain : Mon tatouage représentait une mouette !

Fort Bavard : Comment s’est passé l’après-émission ?

Romain : La soirée où l’émission a été diffusée s’est bien passée, même si c’est difficile quand on connait la fin ! On était une dizaine, famille, proches et amis, à partager ce bon moment. Entre candidats, on a bien sûr gardé contact. J’ai déjà revu plusieurs fois pas mal de candidats : Morgan, Wladimir, Anne-Cécile, Marlène, Franck, Charlotte et Alex (les candidats remplaçants), Laurent, Selin, Vanessa, Marion, etc. On a passé deux week-ends ensemble, pour se retrouver. Un en juillet à Paris et un en août à La Rochelle. C’était super !

Fort Bavard : Avez-vous une anecdote ou un fait marquant à partager sur les coulisses de l’émission ?

Romain : Un bon fou rire avec Passe-Partout à propos de sa taille ! Je n’en dirais pas plus !

Fort Bavard : Si Fort Boyard revient en 2011, tenterez-vous à nouveau votre chance ou alors qui aimeriez-vous voir dans l’émission ?

Romain : Oui je retente ! J’ai une revanche à prendre ! Sinon, j’aimerais beaucoup voir mon cousin dans l’émission, il se débrouillerait bien, je pense. Mais ceux qui doivent y être si l’émission repart, c’est Charlotte et Alex, les remplaçants de cette année. Ils n’ont pas tourné, mais ils ont supporté toute la semaine les caprices et regrets, joies et fiertés des candidats. Sans rien pouvoir faire... !

En changement, je dirais moins de commentaires, le retour des épreuves la nuit, une modification de la fin du Relais arbalète. Je garderais cette formule, en laquelle je crois. Il faut lui laisser deux ou trois ans pour s’installer, je pense.


Interview réalisée par Kévin TOLBIAC.

Merci à Romain pour sa sympathie, ainsi que de sa disponibilité pour répondre à nos questions.

Photos : © France 2 / Gilles SCARELLA

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