« Une fois revenu chez moi, j’ai fabriqué le duel des « Tourillons » à l’identique, histoire de comprendre ma défaite ! »
Publié le vendredi 3 septembre 2010 par Interviews 2010.
dans la rubriqueUn tube, une planche, des clous et des outils. Non, il ne s’agit pas de l’installation des épreuves dans leurs cellules respectives mais des préparatifs de Christophe pour son séjour sur l’île d’Aix. Bricoleur dans l’âme, et aimant par ailleurs la pêche et les voyages, cet ingénieur électricien toulousain de 48 ans était paré à l’abordage de la célèbre forteresse. Fidèle au jeu depuis sa création, ce passionné d’électronique, marié et papa d’une fille de 9 ans, réalise un vieux rêve. Aucun jeu n’a alors de secret pour lui, candidat dans l’équipe n°3 (Cuivres). De son expérience, il s’en dégage un esprit d’équipe, régnant cette saison, qui lui a permis de se dépasser. Rencontre.
Fort Bavard : Regardiez-vous Fort Boyard avec assiduité avant d’y participer ?
Christophe : Oui, un fidèle depuis le début, mais peut-être encore plus ces huit dernières années, car ma fille est maintenant une fan également. Impossible de manquer une émission, si nécessaire, faire appel au magnétoscope, analogique à l’époque et numérique maintenant.
Fort Bavard : Avez-vous un souvenir particulier du jeu ?
Christophe : J’aimais bien les versions où les candidats dormaient sur le Fort, avec cette ambiance particulière du monument la nuit.
Fort Bavard : Comment avez-vous su que le Fort ouvrait à nouveau ses portes aux anonymes et dans quel but avez-vous posté votre candidature ?
Christophe : C’est mon neveu qui m’a prévenu par e-mail, il avait vu la bande-annonce à la visiontélé. Ensuite, à propos de l’idée d’être sur le Fort, je dirai que l’expression à la mode « même pas en rêve » serait la mieux appropriée ! C’est un peu comme si vous disiez à un passionné de spatial : « tu feras partie de la prochaine expédition lunaire ».
Fort Bavard : Comment s’est passé le casting, d’abord téléphonique puis filmé ? Certaines personnes contactées lors de ces phases ont déclaré, par exemple, qu’elles avaient une minute pour surprendre ou faire rire l’interlocuteur.
Christophe : Le premier contact téléphonique, c’était à mon travail vers les 15 h. Je ne m’y attendais pas du tout, j’ai demandé à ce que la personne me rappelle vers 19 h. À mon domicile, je me souviens alors avoir « pensé » à cet appel tout l’après-midi. À 19 h, comme prévu, elle a appelé, et effectivement, elle m’a demandé de la surprendre. Je ne savais absolument pas quoi dire. C’est elle alors qui m’a proposé de chanter une chanson. Comme je chante comme une casserole, elle a beaucoup ri.
Puis à Paris, j’étais plutôt décontracté, je ne sais pas pourquoi. Nous avions un questionnaire style « énigmes du Père Fouras ». Je me souviens que mon voisin, arrivé avant moi, avait rendu une page blanche en répondant qu’il n’avait rien trouvé, que c’était trop dur... Alors, lorsque ce fut mon tour, j’étais plutôt satisfait. Très rapidement, j’ai trouvé neuf réponses sur dix, et à la dernière minute, la dixième. J’ai donc rendu le questionnaire et la personne en charge des corrections a été très étonnée par ce score. J’ai cependant appris sur l’île, lors de notre séjour, que d’autres avaient fait le même score, voire plus élevé, car le questionnaire contenait seize questions à l’origine.
Ensuite l’interview ; rien d’extraordinaire, je n’avais rien préparé, j’ai juste répondu aux questions de la plus naturelle des façons. En sortant, j’étais plutôt satisfait, mais sans certitude.
Fort Bavard : Comment s’est passée l’annonce de votre sélection parmi les 52 candidats retenus ?
Christophe : À la différence du premier appel, j’attendais celui-là, et puis le portable a sonné, et j’ai reconnu la voix de la personne de la production. J’ai tout de suite compris que c’était pour m’annoncer la bonne nouvelle ! J’ai partagé cela tout de suite avec mon épouse, et j’ai ensuite posé mes jours de congé pour la semaine sur l’île d’Aix.
Fort Bavard : Avez-vous élaboré un entraînement spécial en vue des tournages ?
Christophe : Vous allez rire, mais au même moment, à la mi-mai, il y avait une interview de notre cher entraineur national de football, Raymond Domenech, et une phrase m’avait marqué : « l’important est de savoir comment se préparer pour gagner ». Je me rappelle avoir retourné cette question dans ma tête, appliquée à ma situation. Côté sport, un peu de piscine et de footing, mais mon point fort : la connaissance des épreuves, un peu comme Alain et d’autres candidats. Très bricoleur, je suis parti acheter une vingtaine de clous pour les mettre en équilibre, pour le duel sur lequel nous sommes d’ailleurs tombés dans la Salle du conseil (la « Structure » NDLR). Et également, un tube d’un mètre en plastique que j’ai scié pour obtenir vingt bâtonnets, pour le jeu du même nom. Puis j’ai mis tout cela dans une mallette pour le ressortir devant Franck, Marlène et Céline qui n’en revenaient pas. Avec le recul, je sais maintenant que d’autres équipes se sont entraînées aux énigmes du Père Fouras, et je regrette de ne pas l’avoir fait...
Fort Bavard : Ensuite, arrivée sur l’île d’Aix, « antichambre » de l’aventure ; l’entente entre candidats s’est-elle faite naturellement ?
Christophe : Oui, comme je l’ai déjà lu, nous étions tous en « colo », de 18 à 52 ans. Nous avions retrouvé notre âme d’enfant, une super ambiance !
Fort Bavard : Quelle réaction avez-vous eue lorsque vous avez fait connaissance de vos coéquipiers : Marlène, Céline et Franck ?
Christophe : Très heureux, je ne sais pas l’expliquer, mais tout de suite un esprit d’équipe est né, tout de suite nous avons senti que cela allait « coller ». Nous n’étions absolument pas forcés, mais nous avons passé naturellement les quelques jours qui nous séparaient de l’émission à nous connaître. Franck était évidemment « l’homme fort », Marlène et Céline pour les épreuves d’adresse et de souplesse, et de mon côté, j’apportais la connaissance des épreuves.
Fort Bavard : Votre équipe passera lors de la troisième session ; était-ce un plus pour élaborer une stratégie et récolter des informations sur le tournage ?
Christophe : Je pense que la troisième session était un bon compromis. Cela nous laissait quelques jours pour mieux nous connaître et récolter les premières impressions, sans pour autant trouver le temps long.
Fort Bavard : L’entrée dans le Fort vous-a-telle occasionné un sentiment particulier ?
Christophe : Pour ma part, cela a surtout été sur le Zodiac. Si vous vous souvenez, de nombreuses années, le générique commençait par la vision d’un Zodiac fendant les flots en direction du Fort. Eh bien là, j’y étais, c’était magique !
Fort Bavard : Au niveau de vos performances lors de l’émission : Après un premier duel remporté par votre équipe, vous décidez de participer à l’épreuve solo suivante : « Excalibur ». Stéphane Traineau, le judoka, détient le record de l’épreuve avec moins de 20 secondes pour la finir. Étiez-vous l’homme de la situation ?
Christophe : Avec le recul, et pour en avoir discuté avec Franck et le reste de l’équipe, c’était une erreur de m’avoir choisi. Même si Franck était épuisé par l’épreuve du Radeau, il aurait été plus à même que moi pour faire cette épreuve de pure force.
Fort Bavard : Par la suite, vous effectuez le « Relais arbalète » en compagnie des Titanes, dans le but de conforter votre avance. Un bon final pour la première manche, selon vous ?
Christophe : Si j’avais l’occasion de discuter avec Didier Lucas, l’inventeur des jeux, je dirais que ce « Relais arbalète » n’est pas une réussite à mes yeux. Ce duel est beaucoup trop aléatoire, les javelots ne sont absolument pas contrôlables, et volent au gré du vent. Et puis, côté visuel, le téléspectateur ne voit rien. C’est un avis personnel.
Fort Bavard : Arrivent les Champions sur le Fort ; étiez-vous impressionnés par ces vétérans qui conservaient leur titre depuis la première émission ou au contraire, confiants, par le fait qu’ils n’avaient pas trouvé le bon mot-code dans l’émission précédente ?
Christophe : Non, pas impressionnés. Je pense que nous sommes restés concentrés, l’essentiel était de tout donner.
Fort Bavard : C’est vous qui ouvrez le bal de la seconde manche par un duel contre Anne-Marie dans la vigie du Père Fouras ; l’énigme ne vous a pas souri, ainsi qu’à votre adversaire…
Christophe : Je m’en veux de ne pas avoir trouvé, mais quelque part un peu soulagé qu’Anne-Marie non plus. De retour, et même aujourd’hui encore, lorsque je pose cette énigme, 80 % des personnes trouvent. Ahrr !!!
Fort Bavard : Vous enchaînez par l’épreuve du « Tapis roulant », rendue célèbre par ses chutes, dont celles de Bruno Solo.
Christophe : Voilà l’exemple parfait de l’épreuve que je connaissais sur le bout des doigts. Vue, revue, des dizaines de fois, je savais les pièges à éviter, comme ne pas monter directement sur le tapis, et prendre bien son temps pour ne pas renverser d’eau lorsqu’on remplit le tube. L’épreuve s’est exactement déroulée comme je l’avais prévu.
Fort Bavard : Pour finir, vous affrontez les mygales et les scorpions avec calme et rapidité dans cette aventure culte ; votre aisance avec ce genre d’animaux est-elle naturelle ?
Christophe : Je dirais deux choses. C’est vrai que je n’ai pas une phobie particulière de ces « bestioles », mais le plus important est ce qu’a dit Marlène dans son interview : vous avez derrière une équipe qui compte sur vous. Vous ne pouvez pas, vous n’imaginez même pas ne pas tout faire pour ramener l’indice. Pour conclure en un mot : « la force d’une équipe ».
Fort Bavard : Vos coéquipiers et vous disputez ensuite avec les Champions les duels de la Salle des maîtres. Des duels, justement, très serrés et longs...
Christophe : Oui, le duel des « Tourillons » a été très long, Olivier n’arrêtait pas de nous dire d’aller plus vite, mais cela a été coupé au montage. Je ne peux pas vous dire combien de minutes, car j’avais un peu de mal à ressentir cela dans ce contexte. Par contre, vous pouvez voir qu’une fois revenu chez moi, étant bricoleur, j’ai fabriqué un jeu identique, histoire de comprendre ma défaite ! (Voir photo ci-dessous) Mais je ne pense pas que nos deux échecs aient influencé nos capacités pour la Salle du trésor.
Fort Bavard : Enfin, malgré votre avance dans le nombre d’indices, vous ne trouvez le mot code qu’après vos adversaires : pensez-vous que ceci fut décisif quant au résultat ?
Christophe : Avec quatre indices contre deux, nous partions confiants, mais c’est là que l’on voit que rien n’est gagné d’avance sur le Fort. Malgré notre avantage en nombre d’indices, nos quatre cerveaux se « bloquent ». Rien ! Le blanc total, aucun des quatre ne trouve ! On sacrifie Marlène, on trouve, et l’on rentre avec 35 secondes de retard par rapport aux Anciens. Je pense que ces 35 secondes expliquent en bonne partie les 5 kg d’écart.
Fort Bavard : Avec du recul, comment jugez-vous la performance de votre équipe dans ces manches ?
Christophe : Nous étions, même une fois de retour sur l’île, heureux de notre aventure, chacun avait « brillé » dans une épreuve : Céline dans la « machine à laver » (« Tord-boyau » NDLR) et sur la paroi du Fort, Marlène avait été incroyable avec le Magicien, et Franck absolument inoubliable dans le duel des Poids contre Alain dans la Salle du Conseil.
Fort Bavard : Une anecdote à partager sur les coulisses de l’émission ?
Christophe : La vigie du Père Fouras est étonnamment petite ! Ce que l’on voit à la caméra ne représente pas la réalité.
Fort Bavard : Avez-vous gardé contact avec les membres de votre équipe ou les autres personnes que vous avez côtoyées ?
Christophe : Oui, chaque samedi avant l’émission, nous échangions des SMS, et puis maintenant encore, des appels pour commenter les informations trouvées sur le net. Je n’ai pas de contact avec la production, mais j’aimerais bien discuter avec Didier des épreuves de cette saison 2010.
Fort Bavard : Si Fort Boyard revient en 2011, tenterez-vous encore votre chance ? Quels conseils donneriez-vous à d’éventuels futurs candidats ?
Christophe : Bien sûr, toujours partant pour aller sur le fort, quelle que soit la formule ! Sinon, je conseillerais de faire ressortir dans la lettre de candidature la motivation, la passion du jeu, et la bonne humeur.
Interview réalisée par Kévin TOLBIAC.
Merci à Christophe pour sa disponibilité et pour sa bonne humeur tout au long de cet entretien.
Photos : © France 2 / Gilles SCARELLA / Christophe COPPEE