Des valeurs boyardesques oubliées
Publié le mercredi 25 août 2010 par Avis de la rédaction 2010.
dans la rubriqueSamedi était diffusée la dernière émission de la saison 2010. En effet, après 7 semaines de compétition, le jeu a rendu son ultime verdict. Et quel verdict ! Celui-ci a créé la polémique sur le site avec d’un côté, les partisans des Champions et, de l’autre, les défenseurs des anciens. Dans cet ultime bilan, revenons ensemble sur cette Finale contrastée et contestée !
Quelle a été – cette fois – la polémique qui a enflammé le forum ? Les fidèles ont dénoncé, samedi, ce que beaucoup ont qualifié de « tricherie ». En effet, Anne-Cécile, l’une des candidates de l’équipe des Champions en titre, a entendu la réflexion d’Alain et Didier devant la grille de la Salle du Trésor. Elle a pu ainsi entendre de leur bouche un indice du camp adverse et même le mot-code.
Pour beaucoup, cette manœuvre a été vécue comme une tricherie. Sans cette « aide auditive », les Champions en titre auraient sans aucun doute effectué un sacrifice (ce qu’ils s’apprêtaient d’ailleurs à faire), ce qui les aurait privés de deux bras dans la Salle du Trésor et aurait donc pu faire basculer complètement la balance.
Alors qu’en penser ? De notre côté, ce sont plutôt les règles que nous souhaitons dénoncer. Quelle idée de faire réfléchir les deux équipes concurrentes au même endroit et sur le même mot-code ! Certes, Anne-Cécile n’a pas eu une attitude très honorable en trichant délibérément, mais la situation était telle que dans l’agitation générale, on peut penser qu’elle n’a pas réfléchi et qu’elle a sauté sur l’occasion. D’autant plus que cette dernière devait avoir la dent encore un peu dure puisqu’elle s’était fait entendre avec Morgan au sujet de l’épreuve du Radeau dans laquelle elle considérait que les Vétérans avaient délibérément crié pendant que Wladimir et Murielle donnaient le code. Si nous ne sommes absolument pas convaincus qu’il y ait eu là un stratagème de la part des anciens (d’ailleurs, il suffit de revoir la séquence pour se rendre compte que même les anciens sont perdus dans les codes et font répéter le leur à Lydia et Didier), nous trouvons tout de même assez déplacé de la part d’Anne-Cécile de remettre cette affaire sur le tapis après l’annonce de leur victoire, alors même que les Vétérans n’ont eux pas fait d’histoire à la fin de l’émission malgré la manœuvre d’Anne-Cécile, finalement bien plus grave, dans le sens où celle-ci a tout pu faire basculer. Bien sûr, Alain et Didier auraient dû aussi être plus vigilants de leur côté et parler moins fort, surtout que l’enjeu était de taille.
Personnellement, je trouve dommage que nous ayons fini cette saison 2010, déjà écornée, sur cette situation. Il aurait été préférable que les remarques lors de l’épreuve du Radeau n’apparaissent pas et que la séquence finale soit tournée avec un nouveau mot code, afin d’éviter toute injustice. L’ambiance de l’émission a, à cause de ces histoires, viré au rouge et nous pouvons dire qu’il ne s’agit pas là des valeurs traditionnelles qui président à un jeu comme Fort Boyard. Jamais dans toute son histoire le Fort n’aura connu pareille situation. Il faut dire que l’enjeu des 50 000 € avait de quoi mettre les nerfs de nos candidats à vif, mais quand même, on aurait aimé que certains soient plus en retenue. Espérons que si l’émission revient l’an prochain, France 2 oubliera définitivement cette idée de compétition et de tournoi, qui, si elle n’était pas mauvaise à la base, entraîne obligatoirement des dérives. Finalement, les associations ont été longtemps la marque de l’émission, et je crois qu’il faudrait continuer sur une voie véritablement caritative ou alors ne se contenter que d’une équipe se battant contre le Fort. C’est le meilleur moyen d’éviter la polémique et de conserver une ambiance bon enfant intacte.
Mis à part ces dérives dont on se serait bien passé, de bons moments, il y en a eu !
La première manche a été intéressante. Bien que dominés, les Cuivres ont eu un très bon esprit de jeu et Adrien s’est battu jusqu’à son dernier souffle, et pour cause, il n’a pas démérité face à Alain dans la citerne du Fort et dans le duel de l’Apnée, où il a presque fait jeu égal avec son coéquipier pourtant surentraîné. Mais les mauvais choix tactiques ont eu raison de cette équipe. En envoyant Philippe dans le Dauphin, Adrien a commis un premier faux pas, qui a privé toute l’équipe d’une force nécessaire. Idéalement, Adrien aurait dû tenter cette épreuve, qu’il aurait sans aucun doute pu réussir, étant plus fin et moins carré que ne l’est Philippe. Félicitons tout de même Odette pour sa victoire sur le Ring du Fort, enfin une clé pour cette mère de famille, qui pratique depuis de nombreuses années la boxe et qui a eu l’opportunité de mettre à profit ses compétences en la matière. Malheureusement, cette bonne volonté n’aura pas suffi et même chez le Père Fouras, Adrien, généralement assez doué, a été collé par un Alain en grande forme, pourtant plus habitué aux défaites dans la cultissime vigie.
Notons au passage le palpitant Relais arbalète, qui nous a gratifiés de la magnifique remontée d’Alain dans les souterrains inondés. Bien qu’en retard à cause du puzzle à reconstituer, Alain a réussi à couper la bûche sous l’eau en un temps record et même à rattraper Adrien qui venait juste de remonter les sacs pour qu’Odette s’en saisissent. Quant à Anne-Marie, grâce aux conseils avisés de ses camarades, elle a réussi à viser correctement une cible tandis que ses adversaires dégainaient beaucoup trop vite leurs javelots. Une cible aura suffi à leur faire gagner le Relais. D’ailleurs, on notera qu’il ne permettait cette semaine que d’obtenir une seule clé et s’est retrouvé placé en début de manche. Ces points ne m’ont pas dérangé, même si, là encore, il faut prendre garde à ne pas changer constamment l’organisation du jeu, combien même il s’agissait de la Finale. Toutefois, je trouve que faire le Relais en début de manche a été presque plus intéressant que de le faire à la fin. Cela a redonné de la dynamique à cette première partie de jeu, et a surtout permis de mieux intégrer le Relais à la manche, sans qu’il ne soit rejeté sur ses marges.
Je ne peux oublier d’évoquer la magnifique performance de Lydia dans le Tuyau Transparent. Elle est parvenue à bout de cette épreuve en un rien de temps, on sentait là l’expérience de cette candidate et toute sa tonicité. Quant à l’exploit de Didier dans Excalibur, inutile de dire qu’il a été bluffant, son fils peut être fier de lui, car c’est bel et bien un record qu’il a établi en trouvant la bonne technique pour trancher le cordage, à savoir frapper sur l’un des deux côtés bombés de celui-ci, plutôt qu’au centre (pour une fois, le magnéto d’explication a servi à quelque chose !).
Lors de la seconde manche, c’est encore et toujours les Titanes qui ont fait le spectacle et pourtant, rien ne leur a été épargné. Le tirage au sort de Passe-Muraille a attribué aux anciens l’une des épreuves les plus difficiles du jeu : le Manolier. Alain, qui la connaissait bien et rêvait d’en sortir victorieux, est allé au bout de ses rêves en arrachant la clé de cette épreuve grâce à sa force, mais surtout son mental d’acier. Ce ne sera là qu’une des très nombreuses performances exceptionnelles de cette équipe. De son côté, Anne-Marie s’est transformée pour cette manche en femme volante avec des épreuves très aériennes. Elle nous a offert un Saut de l’ange d’une rare rapidité. N’hésitant pas un instant, elle a réitéré son exploit d’il y a vingt ans en réussissant une fois de plus, et avec brio, un saut dans le vide. Sur la Cloche, elle n’a pas non plus joué la fine bouche et y a mis tout son cœur, ce qui fait que l’indice a été récupéré dans un temps plus qu’honorable !
En face, l’équipe des Champions en titre a été durant toute l’émission en grande difficulté. Avec seulement deux cartouches-indices dont une gagnée dans le Tourniquet et un prisonnier (Wladimir), la messe semblait dite.
Pourtant, grâce à la libération de leur camarade et à l’ouïe fine d’Anne-Cécile ayant entendu l’indice de l’équipe adverse, ceux-ci ont triomphé des pièges du Fort en rapportant tout de même une belle moisson de boyards : 24,160 kilogrammes. Une victoire certes, mais sans éclat et qui pour beaucoup de fans laisse un goût amer. Champions à tout prix ? Il semble bien qu’Anne-Cécile et Morgan soient tombés dans le même travers que ce qu’ils reprochaient pourtant en début de seconde manche à Alain et Anne-Marie. Drôle de retournement de situation pour des candidats qui décrétaient pourtant ne « pas être comme ça ».
Mais là encore, Fort Bavard n’a pas vocation à prendre partie, seulement à souligner le fait que les règles cette année auront été brouillonnes jusqu’au bout et que la Finale a été à la hauteur de la valse-hésitation des six précédentes émissions.
Au final, une dernière émission de la saison haletante, mais gâchée une fois de plus par une règle de réflexion mal pensée et une compétition qui tourne plus à l’affrontement qu’au jeu. Après six émissions d’un niveau de fair-play tout à fait convenable, la Finale rompt avec ce qui a toujours fait les valeurs de Boyard. On aurait aimé que cela se termine autrement. Félicitons tout de même les gagnants et faisons une haie d’honneur aux anciens, qui, s’ils ont perdu, ont été les meilleurs cette saison et, surtout, ont assuré parfois à eux seuls le spectacle. Sans eux, la saison n’aurait certainement pas été la même et pourtant, on ne peut pas dire que celle-ci restera dans les annales du jeu. Il ne reste plus qu’à espérer que cette parenthèse 2010 ne fera pas flancher définitivement le Fort mais ça, c’est une autre histoire…